Pour qu'un engagement humanitaire prenne tout son sens, il est important d'avoir en amont des connaissances "de base".
Quels sont les zones d’interventions des ONG (ou institutions) et les enjeux sur ces territoires, à la fois politiques, sociaux, économiques et géostratégiques ?
Voilà des questions auxquelles il est utile de savoir répondre, pour bien appréhender les tenants et aboutissants de l’action humanitaire et plus généralement de développement.
Mon conseil : bien avoir en tête la carte du monde et lire régulièrement la presse ! (cf. biblio-ressources)
Humanitaire, Histoire & Pratiques - Page 13
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Un conseil en passant...
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Interventions militaires au nom de l'humanitaire
Dans la droite ligne du développement de l'humanitaire d'Etat, se mettent en place des interventions armées motivées par des "crises humanitaires"; les Etats reprennent à leur compte le droit d'ingérence.
On peut citer :
- Intervention en Irak en avril 1991 après que le Conseil de sécurité a invoqué une « menace contre la paix et la sécurité internationales » (résolution 688 du Conseil de sécurité).
- Opération « Restore Hope », menée en Somalie à partir de la fin 1992 (résolution 794),
- Opération Turquoise menée par la France au Rwanda en 1994.> En savoir plus sur le site Opérations de paix
Ces opérations seront très souvent critiquées. La militarisation de l'humanitaire est une des questions centrales de l'avenir de l'humanitaire. La confusion qui apparaît entre les forces armées et les ONG conduit en effet à une remise en cause des humanitaires par les populations.
Un nouveau problème de "frontières" surgit ainsi.
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La professionnalisation de l’humanitaire
- Comme nous l’avons vu lors de la première séance avec l’exemple de Médecins Sans Frontières, les organisations humanitaires ont connu un mouvement progressif de professionnalisation.
- A l’origine, nous l’avons évoqué, les organisations humanitaires ont été créées par ce que l’on pourrait appeler des « hommes et femmes de bonne volonté », ayant de fortes convictions humanistes (soit liées à la religion -->forme de charité ; soit à une philosophie ; soit liée à une idéologie, souvent très marquée à gauche).
- Or il est peu à peu apparu que pour être le plus efficace possible, les ONG avaient tout intérêt à être structurées, organisées, encadrées. Si la bonne volonté, le souhait de venir en aide, de contribuer à un monde meilleur, restent des motivations importantes, il s’agit aussi de tenir compte des réalités de terrain, parfois très complexes et difficiles (y compris psychologiquement)...certaines compétences deviennent de ce fait indispensables.
- Si l’on prend l’exemple de MSF, c’est l’apparition des métiers de la logistique qui permet à l’association de réellement sortir de l’ « amateurisme » (rappelons qu’aujourd’hui, MSF peut mobiliser une flotte de 70 avions !).
- De manière générale, la logistique transforme profondément les modalités d’actions ; les ONG développent une véritable expertise de terrain, grâce à des professionnels formés et préparés à l’urgence.
- La professionnalisation est également liée à la taille grandissante des ONG. Il faut désormais pour les fonctions siège, des postes de type comptable, contrôleur de gestion, juriste, responsable communication, responsable marketing, comme on en trouve dans le secteur privé.
- Dans la plupart des grosses ONG, les salariés/ volontaires qui partent en mission sont eux aussi très souvent formés (interculturalité, gestion des risques, etc.).
Le mouvement de professionnalisation de l’humanitaire est parfois critiqué, certains y voyant une transformation de l’humanitaire en business. Nous y reviendrons dans la 2e séance.